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CAP DE BONNE-ESPÉRANCE.

d’affreux détails sur la condition déplorable des esclaves dans quelques pays ; mais nous trouvons plus agréable et plus consolant de faire connaître ce que la religion et l’humanité ont inspiré à quelques habitans de l’Afrique.

Une société s’est formée, en 1827, au cap de Bonne-Espérance, dans le but d’acheter de jeunes esclaves et de procurer la liberté à ceux qui, par une bonne conduite, s’en montreraient les plus dignes. Pour donner aux fonds la plus grande valeur et la direction la plus utile, on ne fait que prêter aux adultes la somme nécessaire à leur rachat ; par cette disposition on s’assure de leur bonne conduite, on les encourage au travail, et on en forme autant d’ouvriers actifs, dévoués et honnêtes ; en général on préfère les femmes aux hommes, parce qu’elles ont été moins exaspérées par les mauvais traitemens, et que les enfans d’une femme libre sont libres, quoique leur père soit esclave, tandis que les enfans d’un homme libre sont esclaves. Si leur mère est en servitude, les enfans sont mis en apprentissage pendant un certain nombre d’années, et ce qu’ils gagnent sert à dédommager la Société des frais qu’elle a faits pour leur achat et leur entretien, et de ceux qu’elle doit faire plus tard pour leur établissement.

Déjà nous apprenons que des esclaves libérés ont dignement répondu à la générosité de leurs bienfaiteurs, en sacrifiant eux-mêmes une partie de leurs bénéfices, pour communiquer à leurs semblables une partie de ce bien-être dont ils sentaient tout le prix. Dès les premiers mois, plus de cent souscripteurs, parmi lesquels on remarquait un grand nombre d’ecclésiastiques, de ministres, d’administrateurs et de négocians, s’empressèrent de contribuer à cette bonne œuvre. Plusieurs propriétaires d’esclaves, comprenant leurs véritables intérêts, ont autorisé de leur exemple cette louable et utile entreprise. Mais quoique le gouvernement ait, par des lois spéciales, permis à tout esclave de demander la liberté à son maître, en lui payant une somme dont le montant est