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MANIFESTE CONTRE BOLIVAR.

les retenir ; car, si on l’eût tenté, ils se seraient regardés comme opprimés, et nous auraient déclaré la guerre. Telle fut la cause de la promptitude qu’on mit à les équiper complètement, malgré les embarras du trésor. Si le général Bolivar, pour faire jurer sa constitution et se voir reconnu en qualité de président à vie, n’avait pas concentré dans la ville la division auxiliaire ; s’il n’avait pas démantelé la forteresse de Callao et désarmé notre flotte ; en un mot, s’il n’avait pas réduit le Pérou à une nullité qui était nécessaire à sa politique ; on aurait pu supposer que le Pérou conçût les sinistres projets qu’on lui impute. C’est sur le général Bolivar seul que retombe le blâme des malheurs dont la Colombie a pu être affligée depuis l’arrivée de la division auxiliaire ; si toutefois on peut attribuer à cette arrivée les troubles qui éclatèrent alors dans les départemens du sud et dans ceux du nord, et qui compromirent l’existence de la république.

Ainsi, que le général Bolivar seul soit responsable aux yeux de sa nation et du monde entier des calamités qui ont pesé sur la Colombie, et qu’il n’accuse pas la république péruvienne du résultat des événemens qu’il avait préparés, dans le seul but de fortifier son pouvoir absolu ; événemens dont la juste Providence s’est servie pour lui faire sentir les funestes conséquences de sa trahison envers la liberté du Pérou et la cause de l’Amérique.

Le vaisseau de guerre qui escortait les bâtimens de transport, avait l’ordre de mettre la division à bord du premier navire de guerre colombien qu’il rencontrerait dans la traversée, et de s’éloigner de la côte de Guayaquil aussitôt que les troupes auraient débarqué. Ces ordres furent exécutés, et les vaisseaux ne restèrent devant aucun port pour attendre le résultat, comme le général Bolivar l’a faussement déclaré. Et quel résultat pouvaient-ils attendre, lorsque l’objet pour lequel on les avait envoyés était rempli ?…

Le départ de la division auxiliaire laissa le Pérou maître de