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PÉROU.

bliques, que les frais des secours envoyés par chaque nation pendant la guerre seraient liquidés par des assemblés séparées, sans que les deux gouvernemens y prissent une part spéciale. Pour être convaincu que les sommes dont il s’agit rentrent dans cette catégorie, il suffit d’observer que les troupes auxiliaires firent voile pour le Pérou avant que le gouvernement ne les eût appelées. La demande relative à la province de Jaen et à une partie de Maynas n’était non plus ni juste ni raisonnable, puisqu’elle était faite avant qu’on n’eût discuté et déterminé les limites de chaque république par une convention spéciale, comme il avait été stipulé expressément. C’est ainsi seulement que la Colombie aurait prouvé ses droits sur des provinces qui font partie du territoire péruvien, et dont elle s’engagea à ne pas réclamer la possession, au moins jusqu’à ce que les limites communes eussent été fixées[1]. En conséquence, le ministre du Pérou ne pouvait avoir des instructions pour traiter de ces deux objets, et Bolivar, en les exigeant, transgressait ouvertement les anciens pactes.

Conformément à ces principes, ce général réclama l’accomplissement d’un traité qu’il n’osa pas lui-même présenter aux yeux du public, et dont il n’a jamais sollicité la ratification. Tel est l’acte que désavoua le ministre du Pérou, acte par lequel le dictateur forçait le Pérou à envoyer en Colombie autant de Péruviens qu’il mourrait de Colombiens au Pérou. Il le conclut à cette époque avec le prétendu président de la république péruvienne, lequel n’avait pas le pouvoir de signer une négociation aussi extraordinaire et aussi inhumaine…

Le langage dur et arrogant employé par le ministre du général Bolivar montra à l’envoyé péruvien qu’il ne devait pas agir avec faiblesse et soumission, mais répondre avec la

  1. La possession disputée de ces deux provinces, ainsi que celle de Guayaquil, a été, en effet, l’une des principales causes de la guerre.