Page:Revue des Deux Mondes - 1829 - tome 2.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
46
PÉROU.

Le Pérou ne commença pas les hostilités ; il ne compléta ses préparatifs maritimes et militaires qu’au moment où le général Bolivar eut déclaré que l’heure de la vengeance approchait, et que sa présence serait le signal du combat. Quelles furent alors les expéditions militaires du Pérou ? Quelles hostilités commença-t-il contre le Bolivia et la Colombie, avant d’être provoqué par le général Bolivar et ses lieutenans ?…

Le gouvernement du Pérou pourrait opposer les injures réelles qu’il a essuyées aux injures chimériques sur lesquelles Bolivar fonde sa déclaration de guerre. Mais aujourd’hui que cette guerre est inévitable, et que celui-ci a tout sacrifié à l’espoir de rétablir sa funeste dictature, le gouvernement se borne à dire qu’il soutiendra avec honneur une lutte dans laquelle le triomphe de la justice sera acheté au prix douloureux du sang de ses frères de Colombie et de ses propres enfans. Mais on ne laisse aux citoyens du Pérou d’autre alternative que celle de se défendre contre l’esclavage, et d’empêcher que leur existence et leurs biens ne deviennent la proie d’un ravisseur étranger. Ils ne peuvent obtenir la paix qu’au poids de l’or ; il faut qu’ils voient exporter leur jeunesse au climat pestiféré de la Colombie… Une pareille situation est intolérable.

Puissent donc les funestes conséquences d’une résistance aussi juste, et l’exécration de toute l’Amérique, retomber sur ceux qui nous entraînent à une extrémité si rigoureuse !…

La seule et véritable cause de la guerre paraît donc maintenant au grand jour. Quand Bolivar, pour la première fois mettant le pied sur nos rivages, en put apprécier les richesses inépuisables, il sentit que le temps était venu de réaliser ses anciens projets de domination et d’agrandissement. Dépouillant le masque, il proclama la fameuse charte, appelée sa fille bien-aimée, qui fut conçue dans le délire de l’ambition, et imposée au peuple par la force et les moyens les plus vils, comme l’ont prouvé au monde des documens officiels imprimés au