Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1829 - tome 2.djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
75
ASSOCIATION PROTESTANTE.

pour tirer les Irlandais du découragement et de l’apathie où ils sont plongés. Est-il à présumer que trois familles eussent désolé l’Irlande, si les propriétaires avaient fait leur devoir en 1821 ?

Une question se présente. Comment se fait-il que les propriétaires non résidens aient des fermiers aisés en Angleterre, et misérables en Irlande ? La raison en est toute simple. C’est qu’en Angleterre, ils sont obligés de fournir à la subsistance de leurs fermiers s’ils les foulent par des rentes trop élevées ou s’ils ne leur donnent point d’emploi. La classe industrieuse de l’Irlande distribue pour plus d’un million et demi d’aumônes inefficaces ; la garnison du pays coûte un autre million et demi, et la police 300,000 livres ; on paie des sommes énormes aux prisons et aux hospices, pour le soulagement des pauvres. Eh bien ! qu’au lieu de tout cela, on applique, pendant quelque temps, deux millions par année à des travaux publics, on ne manquera ni de bras ni d’ouvrage pour les employer avantageusement. Il existe peu ou point de quais pour le débarquement des marchandises, le long de la côte occidentale. La navigation des grands fleuves est obstruée par des bancs de sable qui font déborder leurs affluens, et causent souvent de fâcheux désastres. Si l’on continuait le canal de Newry jusqu’au lac de Neagh, il s’établirait une navigation à la vapeur d’une mer à l’autre, à travers la province d’Ulster, et les eaux de ce lac abaissées à leur niveau d’été, viendraient tourner les moulins à chanvre et à coton de Newry. En un mot, il n’y a point de district qui ne soit susceptible d’amélioration[1]. Deux millions dépensés de la sorte, seraient une économie en comparaison du gaspillage actuel, et les riches

  1. On remarque dans la province de Galway trois lacs fort rapprochés les uns des autres : ce sont les lacs Corrèb, Mash et Caira. En taillant une galerie de cent cinquante toises de long, dans un roc de pierre calcaire, entre le premier et le second, on ouvrirait une navigation intérieure de cinquante milles, et dix-sept mille acres actuellement inondés seraient desséchés. Il en coûterait peut-