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VOYAGE AU JAPON.

hébergé avec un soin et des prévenances telles qu’on aurait pu employer à l’égard du plus considéré et du meilleur ami du souverain.

Le jour où l’on sut que je devais entrer dans la fameuse ville capitale de Jedo, plusieurs gentilshommes vinrent à ma rencontre pour me prier d’accepter un logement dans leur maison. Je n’eus pas l’embarras de faire un choix, car je fus prévenu par ordre du Prince qu’une maison avait été préparée pour me recevoir. J’y arrivai vers cinq heures du soir, suivi des gentilshommes qui étaient venus à ma rencontre, et d’une foule innombrable attirée par la curiosité de voir des hommes si différens des Japonais par leurs traits et par leurs coutumes. Il fut nécessaire que des officiers de police nous ouvrissent un passage par les rues où nous passâmes, quoique ces rues me parussent d’une largeur démesurée en comparaison des nôtres. Le bruit de notre arrivée s’était répandu dans le pays, ce qui fit venir à Jedo une si grande quantité de curieux, que, pendant les huit jours que je passai cette première fois dans cette ville, je n’eus pas un moment de repos. Je ne crus pas pouvoir me dispenser de recevoir les visites des principaux habitans ; mais j’eus recours au secrétaire du Prince pour me délivrer des importunités de la populace, et j’obtins qu’une garde fût placée dans ma maison, sur laquelle le magistrat fit afficher une ordonnance qui défendait à qui que ce fût d’y entrer sans ma permission.

Quoique la ville de Jedo ne soit pas une des plus