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NOUVELLES.

réunion dont un nombre considérable de dames faisait partie, et les commissaires de cet établissement, en accordant ce beau local, par une faveur que la nature des lieux rend nécessairement difficile à obtenir, se sont noblement associés aux encouragemens prodigués par la ville entière aux chefs du collége.

La distribution des couronnes a fait naître au milieu de la nombreuse assemblée les plus vives émotions ; elle applaudissait avec transport, et nous avons surpris dans l’œil de plus d’un spectateur ces larmes généreuses et douces qu’on accorde si volontiers aux souvenirs de sa jeunesse.

À l’ouverture de la séance, M. Sacchetti, l’un des directeurs, a prononcé un discours remarquable, pour l’élévation des idées et des sentimens, et dont voici quelques passages :

« Les habitans de Mytilène ayant soumis quelques-uns de leurs alliés qui s’étaient séparés d’eux, leur défendirent de donner la moindre instruction à leurs enfans. Ils ne trouvèrent pas de meilleur moyen pour les tenir dans l’asservissement que de les tenir dans l’ignorance.

« Ainsi dans ces temps antiques l’éducation de la jeunesse était considérée comme l’honneur et la force de la société, la privation de ce bienfait comme un gage d’avilissement et de faiblesse…

… « La méthode de l’enseignement mutuel dont les avantages long-temps contestés par des intérêts aveugles, sont aujourd’hui à-peu-près sans contradicteurs, est celle que nous avons adoptée ; c’est à elle que nous devons les progrès rapides que vous avez, messieurs, reconnus dans nos élèves. Et non-seulement elle produit cet heureux effet d’une instruction plus prompte et gravée plus profondément dans l’esprit ; mais elle renferme en elle quelque chose de moral qui tempère l’apprentissage autrefois si aride des premiers élémens par ces jouissances de l’ame auxquelles le travail doit ses plus belles productions. L’en-