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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

aussi de Taouat, Ardamas, Tripoli, Tunis, Alger ; ils reçoivent beaucoup de tabac et diverses marchandises d’Europe qu’ils expédient sur des embarcations pour la ville de Jenné et ailleurs. Temboctou peut être considéré comme le principal entrepôt de cette partie de l’Afrique. On y dépose tout le sel provenant des mines de Toudeyni ; ce sel est apporté par des caravanes à dos de chameaux. Les Maures de Maroc et ceux des autres pays qui font les voyages du Soudan, restent six à huit mois à Temboctou pour faire le commerce et attendre un nouveau chargement pour leurs chameaux.

Les planches de sel sont liées ensemble avec de mauvaises cordes, faites d’une herbe qui croît dans les environs de Tandaye ; cette herbe est déjà sèche quand on la cueille ; pour l’employer, on la mouille, puis on l’enterre pour la défendre du soleil et du vent de l’est, qui la sécheraient trop promptement ; quand elle est imprégnée d’humidité, on la retire, et l’on tresse les cordes à la main ; les Maures les emploient à différens usages. Souvent les chameaux jettent leur charge à terre ; et quand les planches de sel arrivent à la ville, elles sont en partie cassées, ce qui nuirait à la vente, si les marchands ne prenaient la précaution de les faire réparer par leurs esclaves : ceux-ci rajustent les morceaux, et les emballent de nouveau avec des cordages plus solides, faits en cuir de bœuf ; ils tracent sur ces planches des dessins en noir, soit des rayons, soit des losanges, etc. Les esclaves aiment beaucoup à faire cet ouvrage, parce qu’il les met à même de