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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

descendent le fleuve jusqu’à Cabra, de lutter avec les Touariks, malgré tout ce qu’ils ont à souffrir de leur exigence. On m’a assuré que, si l’on osait frapper un de ces sauvages, ils feraient aussitôt la guerre à Temboctou, et intercepteraient toute communication avec son port ; alors elle ne recevrait de secours d’aucun endroit.

À l’O. N.  O. de la ville, il s’est formé de larges excavations, ayant 35 à 40 pieds de profondeur ; elles ont de l’eau à une grande hauteur, que les pluies alimentent. Les esclaves vont y puiser pour leur boisson et pour la cuisine ; cette eau est assez claire, mais elle conserve un goût désagréable, et est très-chaude.

Ces espèces de citernes étant entièrement à ciel ouvert, l’eau y reçoit l’impression du soleil et d’un vent brûlant. Ces excavations se sont formées dans un sable presque mouvant : je suis descendu dans la plus grande, par une pente assez douce ; le fond du trou, qui n’est pas entièrement rempli d’eau, laisse encore assez d’espace pour se promener. Je remarquai quelques veines de sable rouge et dur ; le reste est un sable gris d’un grain un peu gros.

Il y a, autour de ces trous, quelques petits champs de tabac : cette plante ne croît qu’à la hauteur de cinq à six pouces, et ne vient qu’à force d’être arrosée : c’est la seule substance que j’aie vue dans le pays. Les nègres étaient occupés à la récolte ; je remarquai qu’il était déjà en grains ; ils font sécher les feuilles, et les pilent au mortier. Ils le prennent ainsi en poudre, sans autre