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VOYAGE AU JAPON.

étaient à côté de lui de me dire combien il se réjouissait de mon arrivée, et que, quoique j’y eusse été conduit par des infortunes qui devaient m’attrister, il m’engageait à me consoler et à me distraire ; car il était dans l’intention de m’accorder plus de grâces et de faveurs que je ne pouvais en attendre de mon propre souverain. Je voulus me lever et me découvrir pour entendre ce message, mais il ne le permit pas, et voulut que je répondisse assis. Je lui dis, par le moyen de mon interprète, que je baisais les mains de Son Altesse, pour les faveurs dont elle me comblait, et que la présence des grands rois était toujours un puissant motif de consolation pour des malheurs plus grands que les miens. Je me trouvais entièrement consolé et encouragé en me voyant dans la cour d’un monarque aussi illustre, tout comme si je me trouvais dans celle du roi Philippe. Un moment après, il me fit dire de lui faire connaître ce que j’avais à lui demander, tant pour moi que relativement à l’amitié qu’il voulait entretenir avec mon maître, et qu’il ordonnerait à ses ministres de m’expédier promptement et suivant mes désirs. Je répondis que les faveurs d’un aussi grand prince que S. A. étaient trop précieuses pour pouvoir être oubliées, et que je lui demandais la permission de me présenter devant son trône un autre jour, pour jouir encore de son auguste entretien et pour mettre à ses pieds les demandes que je croirais pouvoir lui soumettre.

Après cela, je voulus me lever pour me retirer : mais l’Empereur me fit rasseoir en me disant qu’il