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tirés à mes côtés. Comme par instinct, je portai la main à mes pistolets qui étaient derrière moi, sur les coussins de la voiture, et je me levai. Une troupe de cavaliers armés et masqués nous entouraient, en nous criant de nous rendre. Je fis feu : le plus proche vacilla sur sa selle et tomba. « En voilà un, m’écriai-je en m’adressant à N…, qui était à côté de moi. — À un autre. — Et je terminai à peine ces mots, qu’un second brigand avait partagé le sort du premier.

Nous les vîmes hésiter un instant, puis se réunir, et faire feu sur la voiture, dont les panneaux volant en pièces encombrèrent une partie de l’intérieur. Je déchargeai deux autres pistolets, et je crus voir tomber encore deux assaillans. La fumée nous étouffait, et au milieu des vociférations, des menaces qui se mêlaient au bruit des coups de feu, il était impossible de nous concerter et de nous entendre ; un moment de calme sinistre succéda à ce fracas ; la fumée se dissipa, et de nouveau nous aperçûmes nos ennemis, dont les sabres brillaient au soleil, et qui nous entouraient de tous côtés. Ma carabine à la main, j’avais alors un genou appuyé sur un des coussins, et je me disposais à prolonger ma défense, lorsque mon regard se tourna sur N… dont le visage était couvert de sang. Je l’appelai ; j’essayai de l’asseoir sur le banc d’où il était tombé. Je reconnus bientôt que l’infortuné n’existait plus ; et, dès ce moment, je perdis, avec une partie de mon énergie, l’espoir de pouvoir résister encore. Aussi, je présentai machinalement ma cara-