Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 1.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
44
ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

drais pas que les prisonniers ne fussent débarqués. Pendant ce colloque, le chinois Luis, à mon insu, descendit du côté opposé, avec ses armes, pour se mettre sous la protection d’un chef qu’il connaissait particulièrement et à qui il avait rendu des services importans dans quelques guerres. Les insulaires, voyant qu’ils ne pouvaient me décider à me remettre entre leurs mains, poussèrent un cri effrayant. Au même moment, Charles Savage fut saisi par les jambes et six hommes le tinrent la tête en bas et plongée dans un trou plein d’eau jusqu’à ce qu’il fût suffoqué. De l’autre côté, un sauvage gigantesque s’approcha du chinois par derrière et lui fit sauter le crâne d’un coup de son énorme massue. Ces deux infortunés étaient à peine morts qu’on les dépeça et qu’on les fit rôtir dans des fours préparés pour nous.

Nous n’étions plus que trois pour défendre la hauteur ; ce qui encouragea nos ennemis. Nous fûmes attaqués de tous côtés et avec une grande furie par ces cannibales, qui néanmoins montraient une extrême frayeur de nos fusils, bien que les chefs les stimulassent à nous saisir et nous amener à eux, promettant de conférer les plus grands honneurs à celui qui me tuerait, et demandant à ces barbares s’ils avaient peur de trois hommes blancs, eux qui en avaient tué plusieurs dans cette journée. Encouragés de la sorte, les sauvages nous serraient de près. Ayant quatre fusils entre nous trois, deux étaient toujours chargés, attendu que Wilson étant un très-mauvais tireur nous lui avions laissé l’em-