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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

J’appris que deux seulement des hommes qui avaient débarqué avec nous s’étaient sauvés. Ils s’appelaient Georges et Oreyow ; le premier était natif de la Nouvelle-Zélande, et l’autre d’Otaïti ; tous deux étaient matelots à notre bord…

Le capitaine me donna le commandement du cutter, et l’on y embarqua tous les étrangers[1]. M. Robson se proposait de partir le lendemain pour la Chine, avec les deux bâtimens. Je le priai de retarder notre départ de quelques heures et de me permettre d’approcher de terre le lendemain avec deux canots, afin d’offrir aux sauvages une rançon pour les ossemens de M. Cox, jeune homme pour lequel j’avais eu beaucoup d’amitié. Il y consentit.

En conséquence, le lendemain 7 septembre, je m’approchai de terre et je me servis d’un naturel de Bow pour appeler les sauvages de Vilear dans leur langue. Ceux-ci ayant demandé ce que nous voulions, notre interprète le leur dit. Ils nous répondirent qu’ils n’avaient plus ni chair ni os, que tout avait été dévoré la veille. Cependant un des sauvages nous montra deux fémurs qu’il dit être ceux de M. Norman, et nous demanda ce que nous donnerions pour ces os. Je lui offris une hache. Il se mit à rire aux éclats, et, brandissant les os qu’il tenait d’un air de triomphe, il déclara qu’il ne voulait pas les vendre, qu’il en tirerait d’excellentes aiguilles à voiles pour réparer la voilure de sa pi-

  1. Les habitans de l’île de Bow, qui s’étaient engagés au service du navire.