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VOYAGE À TEMBOCTOU.

qu’il me priait d’accepter. Il me fit demander de nouveau, et cette fois nous le trouvâmes dans son écurie, assis sur une peau de bœuf, auprès d’un superbe cheval. Il distribua en notre présence, à quelques-unes de ses femmes, des ignames qu’il venait de cueillir. Ce prince passe pour être fort riche en or et en esclaves. Ses femmes, en très-grand nombre, occupent des huttes séparées, dont la réunion forme un village. Avant d’arriver à sa résidence, on traverse plusieurs cours entourées de murailles en terre et fort proprement tenues. Son logis, aussi simple que ceux de ses sujets, est formé par quelques huttes de forme ronde, construites en terre, couvertes en chaume, et assez semblables à des pigeonniers. Les alentours de ce petit village sont bien cultivés et couverts de pistachiers, de riz, d’ignames, de maïs et d’une foule d’autres végétaux utiles et productifs. C’est là que je vis pour la première fois, depuis que j’avais quitté le littoral de la mer, quelques échantillons du rhamnus lotus dont parle Mungo-Park. Toute la soirée fut pluvieuse, et l’air humide et froid. »

Nous venons de suivre le voyageur depuis Sierra-Léone jusqu’au Niger et à Kankan. La contrée comprise entre le pays de Ouassoulo et Jenné, ayant été décrite presqu’en totalité par Mungo-Park et par d’autres voyageurs, nous rejoindrons M. Caillié à Jenné, ville importante, située sur un affluent du fleuve, où il arriva le 11 mars 1828. Elle est habitée par des Mandingues, des Foulahs, des Bambaras et des Maures, et renferme une population de huit