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HISTOIRE.

On conçoit qu’il était extrêmement difficile d’atteindre des pirates de cette espèce. Ils ne se lançaient à la mer que lorsqu’ils n’apercevaient aucun bâtiment de guerre, et ne s’éloignaient jamais de la côte. Essayait-on de les détruire dans leurs repaires, les barques étaient tirées à terre et cachées dans les broussailles, pendant que les hommes, embusqués derrière des rochers, s’opposaient au débarquement à coups de fusil ; puis ils se sauvaient dans les montagnes, et le seul trophée qui restât d’une expédition où on avait sacrifié un sang précieux était tout au plus un mauvais bateau. Réussissait-on à prendre à la course quelques-uns de ces bandits, il fallait les envoyer en Europe pour être jugés, et il est sans exemple qu’ils y aient reçu la punition due à leurs crimes. Les Anglais en ont condamné sept à mort l’année dernière à Malte. Cette peine leur a été remise par le roi, et quatre seulement ont été envoyés à Botani-Bay. C’est encore beaucoup de rigueur, en comparaison de la manière dont leurs pareils ont été traités en France, puisqu’on les y a pleinement acquittés.

Voici, entre autres, ce qui s’est passé l’année der-

    telles que de brûler la plante des pieds, d’enfoncer des éclats de bois entre les ongles et la chair, etc., etc., jusqu’à ce que la douleur arrachât l’aveu qu’on voulait avoir. Des équipages ont été garottés à fond de cale, et le navire ouvert à coups de hache pour le faire couler ; quelques-uns ont été trouvés dans cet état par des bâtimens de guerre qui survenaient inopinément avant que le crime fût consommé. Tous ces détails ont été certifiés par des centaines de témoins et de victimes, et avoués par les pirates eux-mêmes.