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AUTHENTICITÉ DU VOYAGE DE CAILLIÉ.

vient de loin. Cet homme, en effet, jeune d’années, pauvre d’instruction et de connaissances acquises, doué, il est vrai, d’une sagacité remarquable, n’avait à raconter aucun fait piquant, aucune anecdote extraordinaire : il avait vu beaucoup de pays et de villes, voilà tout ; étranger aux combinaisons et aux calculs de la science géographique, il savait les directions et les longueurs des portions de route qu’il avait parcourues, mais rien au-delà. Tout ce qu’il disait alors, comme tout ce qu’il a écrit depuis, portait le caractère de la véracité.

Cependant, cette véracité elle-même, principale, unique richesse du narrateur, vient de lui être contestée avec éclat par l’un des recueils périodiques anglais les plus répandus : la Quarterly Review du premier trimestre de cette année contient un article critique sur le fameux voyage. Le nom de sir John Barrow que l’on a essayé d’attacher à cette diatribe, et la place distinguée qu’occupe d’ailleurs la Quarterly Review parmi les productions littéraires de la presse périodique étrangère, ne permettent point de laisser sans réponse les objections, quelquefois spécieuses, qui s’y trouvent consignées au milieu d’invectives peu courtoises dont je ne ferai pas à l’honorable gentleman l’injure de le croire auteur. Sans doute M. Caillié, dès qu’il connaîtra les vives attaques dont il est l’objet, se hâtera de les repousser. Quoi qu’il en soit, ayant moi-même admis l’itinéraire de ce voyageur comme l’une des bases d’un travail critique sur la géographie positive de l’Afrique intérieure septentrionale, il y a conve-