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Morica l’Arabe.[1]

Morica, Morica, c’est aujourd’hui, ma belle,
Qu’il faut raser le sol avec un pied léger ;
On m’attend à Cadix, ma cavale fidèle,
Devance l’aquilon, rapide messager ;

Devance le vent d’est qui précède l’aurore,
Et le vent de l’ouest, et le vent du soleil
Qui nous vient à midi de la rive du Maure,
Devance tous les vents sur ton pied sans pareil.

Jamais, ma jeune amie, on ne vit en Espagne
Une plus noire tête avec de plus beaux yeux,
Jamais enfant venu d’Asie en nos montagnes
N’eut un jarret plus sûr et des crins plus soyeux.

Ta robe est fine et rare, et ta croupe arrondie,
Et ton cou recourbé comme un arc nubien.
Quand tu pars, on se dit : « C’est la jeune étourdie,
» C’est Morica la folle… oh ! qu’elle saute bien ! »

Saute, saute ma belle, et galope et dévore
Le chemin déroulé comme un large ruban ;
À toi deux boisseaux d’orge, à toi, la belle Maure,
Un bouquet d’émeraude, aigrette de turban.

  1. Voir l’Album ci-après.