Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 2.djvu/317

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
299
LA GRÈCE EN 1829.

et Modon ; la famine fit justice du reste. C’est elle également qui a détruit l’armée de Drama Ali, venue au secours de Napolie de Romanie. Néanmoins on ne peut s’empêcher de reconnaître que les Grecs montrèrent alors de la constance. Quoiqu’ils se soient bornés à occuper les défilés sur les derrières de cette armée, et que ce ne soit pas la force des armes, mais la faim seule qui l’a anéantie, c’était encore plus qu’on ne pouvait en attendre d’esclaves qui se relevaient à peine d’une longue oppression. Mais cette époque honorable de la révolution grecque fut de bien courte durée ; s’il y avait eu, dans cette première levée de boucliers, un bel élan d’un petit peuple qui osait encore braver le colosse qui l’avait si souvent étouffé de son poids, ce peuple retomba bientôt dans le chaos de désordres et de vices qui formaient malheureusement son entourage.

Dévastation du pays.

J’ai déjà dit tout le mal qu’avaient fait les pallikares. Le pillage marchait à leur suite : les chefs de bande parcouraient le pays en saccageant, et par ce moyen ils recrutaient leur troupe ; car ceux dont la maison avait été brûlée n’avaient rien de mieux à faire qu’à prendre un fusil pour chercher à se dédommager sur les autres du mal qu’ils avaient éprouvé. Ils devenaient brigands par nécessité, mais bientôt ils devaient prendre goût à un métier si commode. De jour en jour la dévastation, la dé-