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HISTOIRE.

blocus des escadres alliées empêchait l’arrivage à Navarin. Au moment du danger, l’autorité des beys avait quelque influence dans le Magne ; dès qu’il cessait, l’anarchie recommençait avec plus de violence, et la guerre civile l’a presque toujours ensanglanté. Aujourd’hui il faudra plus de temps que dans toute autre partie de la Grèce pour que l’ordre vienne à s’y établir, et maintenant que le peu d’autorité qu’avaient les beys s’est tout-à-fait écroulé, celle d’un gouvernement central venant de Napoli ou d’Égine sera bien moins écoutée encore. Il est difficile de savoir, même par approximation, à combien se monte la population du Magne : comme tous les environs y ont cherché un refuge, des plaines de l’Eurotas comme de celles du Pamisus, elle est plus forte que jamais. Mais la renaissance de l’ordre et de l’agriculture doit la diminuer tous les jours. Malheureusement une partie des populations fugitives a dû prendre chez les Maïnotes le goût du brigandage ; et là, comme dans toutes les autres portions de la Grèce, cette lèpre, presque impossible à guérir chez un peuple sauvage, rendra pour long-temps encore illusoire toute espérance de régénération.

Je viens de parler de la province de la Morée qui se distingue le plus de toutes les autres. Mais il est encore dans la population de cette péninsule des divisions nombreuses et fortement senties. Tout le long des côtes qui regardent l’Archipel, les habitudes du peuple tiennent beaucoup de celles des insulaires, et elles ont souvent servi d’asile aux pi-