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CONSIDÉRATIONS SUR MADAGASCAR.

des Ovas dans l’île ; tous les chefs de tribu, dis-je, à l’exception des deux que je viens de nommer, ayant été successivement abattus ou réduits à un état de vasselage par le conquérant africain, il est de notre devoir et d’une sage politique de replacer les petits sultans à la tête de leur peuple respectif. Il est d’autant plus important de nous diriger d’après ces principes, que les Malgaches Bembatouka et les Arabes fixés parmi eux ont pris les armes contre la reine Ranavala-Manjoka, Clytemnestre aux cheveux crépus, dont l’audacieuse scélératesse a fait mettre à mort Radama son mari, le prince Safardan, époux d’une sœur du sultan, et enfin tous les Malgaches qui avaient laissé percer le désir de voir succéder à Radama un homme de son sang.

Il faut donc punir et priver de tout pouvoir cette reine criminelle et son infâme complice, jeune Africain d’une rare beauté, fils de celui qui en 1820 essaya de rendre la liberté aux esclaves de Maurice, et qui fut abandonné par eux dès que les soldats anglais firent briller leurs fusils aux yeux de cette tourbe mutinée, réunie sans ordre et à la hâte. Il faut donner aux Ovas un sultan du sang de Radama, lequel deviendra, de cette manière, et par reconnaissance et par une nécessité de sa position, notre fidèle allié. Il faut surtout ne pas manquer d’affaiblir ce royaume d’Émirne, et de lui enlever ses principaux moyens de force et d’agression : on y parviendra facilement en cédant plusieurs provinces des Ovas aux Malgaches Bembatouka et en favorisant autant que possible ces derniers.