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VOYAGE AU JAPON.

nis dont ils se servent pour leurs meubles a une grande réputation dans tout le monde, et il la mérite par son éclat et par sa solidité. Leurs armes sont d’une trempe extraordinaire pour la finesse et pour la force ; ils y attachent un prix excessif. J’ai ouï dire qu’il y a eu des épées Catanas qui ont été estimées cent mille ducats. Il est certain qu’on a vu des Japonais couper d’un seul coup un homme dans toute sa longueur. Ils trouvent ridicule le prix extraordinaire que nous attachons à un diamant ou à un rubis, et prétendent que la véritable valeur d’un objet est dans son utilité ; voilà pourquoi ils mettent un si haut prix à une bonne épée.

Les seigneurs au Japon tiennent un grand état de représentation en officiers et domestiques. Ils ne sortent jamais qu’accompagnés d’une suite nombreuse. Ils reçoivent de leurs inférieurs les mêmes hommages et les mêmes respects qu’ils rendent eux-mêmes à l’empereur.

L’orgueil, l’arrogance, et une fermeté de caractère qui tient presque de la férocité, sont les traits distinctifs des Japonais de toutes les classes. La lâcheté leur est inconnue. Lorsque quelqu’un d’entre eux est condamné à mort, il ne souffre pas que le bourreau touche sa personne. Il assemble ses parens et ses amis, et en leur présence il s’ouvre le ventre avec son épée, sans témoigner aucune crainte de la mort. Il n’est pas étonnant qu’un pareil peuple n’ait jamais pu être soumis par les Chinois, qui passent pour aussi timides que les Japonais sont courageux.