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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 2.djvu/400

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FRAGMENS LITTÉRAIRES.

les heures oisives s’écoulent moins lentement : voilà la vie extérieure du monde pour la vieillesse.

Sédentaire, il lui faut la chaleur des tropiques. Là, pressée devant l’âtre du foyer domestique, la famille du vieux manoir se recueille, tandis que le froid dessine, sur les vitres, des forêts de sapins ou des montagnes glacées, et que la neige tombe silencieusement dans la nuit, lorsque les grelons frappent à la fenêtre, que le vent souffle en gémissant, et que les petits enfans effrayés se pressent contre le fauteuil du grand-père ; alors l’existence est embellie par la lecture des contes fantastiques : Hoffmann et Bürger se chargent de provoquer les émotions… Mais pour nous, c’est la nature qui les donne… Comme elle agit sur nous ! Voyez cet être ravissant dû aux mystères de la création ; voyez cette jeune femme ! Comme son œil est doux et expressif ! comme ses mouvemens sont gracieux et sa marche voluptueuse ! que cette robe blanche et souple lui sied bien ! Et cette fleur qui l’occupe, et qu’elle place avec tant de soins à sa ceinture… qui l’a donnée ?… Ah ! vienne le printemps et sa douce haleine, et ses fleurs parfumées.

J’aime le printemps, moi, j’aime la blanche aubépine et la fleur de l’églantier ; j’aime ces belles et longues journées, et cette bienfaisante température qui me rappelle le doux ciel de l’Italie. J’aime la terre développant sa parure et se préparant au luxe de ses fêtes…

Cet admirable tableau dilate mon ame et me fait