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Le Nécromancien.

Les faubourgs de Genève sont fréquentés par ces diseuses de bonne aventure qu’entretient la crédulité des villageois d’alentour et quelquefois même des grandes dames de la ville. Une de mes parentes qui habitait les environs avait une foi aveugle en leur science. Depuis long-temps elle n’avait reçu aucune nouvelle de son fils qui servait dans les armées de Bonaparte ; son sort l’inquiétait extrêmement. Elle se décida donc à aller consulter la pythonisse du lieu ; je l’accompagnai. On nous introduisit auprès d’une femme jeune encore, d’une taille élevée, mais bien prise, aux cheveux blonds et aux yeux bleus… Je ne pouvais croire d’abord que ce fut la devineresse que nous cherchions ; je me l’étais dépeinte toute autrement. Ce devait être une vieille femme décrépite, au visage ridé et blême, à la chevelure rare et blanchie par l’approche de son dernier hiver. Mon incertitude dura peu ; la devineresse mit en jeu sa roue merveilleuse, nous assura que la personne à laquelle nous nous intéres-