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LE NÉCROMANCIEN.

père qui l’a tant pleuré. » Le moine ne répondit pas à cette invitation ; les yeux toujours fixés sur Ludovico, il semblait attendre sa décision… Ludovico se levant enfin : Au souvenir de Gioachino, s’écria-t-il, puisse notre séparation n’être pas éternelle ! À peine avait-il achevé, qu’un fantôme sanglant parut à l’entrée de la salle, et montrant Ludovico du doigt : Voilà mon assassin ! puis il disparut. Ludovico tomba comme frappé de la foudre ; on l’emporta dans son appartement, où il mourut peu de jours après, et son confesseur fut sans doute le seul dépositaire de ses secrets…

» La famille du marquis de B… est éteinte. On n’apprit rien de plus sur Gioachino ; seulement environ dix-huit mois après cet événement, en fouillant dans une cave de la maison, on y trouva le squelette d’un homme. Maria avait depuis long-temps succombé à sa douleur. »

Le vieillard termina ici son histoire.

On aura deviné aisément que c’était lui qui, déguisé sous le costume de franciscain, avait évoqué le fantôme pour la seconde fois. Quel avait été son but ? Voici ce que j’ai pu recueillir du bruit public. Il paraît que quelques jours avant le mariage une violente altercation, dont on n’a jamais connu la cause précise, s’était engagée entre le nécromancien et Ludovico. Alberti, qui depuis long-temps soupçonnait le jeune comte du meurtre de son frère, résolut de se venger. Il n’y réussit que trop bien… Accusé à tort lui-même de complicité, il