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MÉLANGES.


LE TOMBEAU DE RACHEL, EN PALESTINE.

. . . . . La vallée, ou plutôt la plaine aride de Rephidim, se déploie pendant plusieurs milles sans offrir aux regards du voyageur brûlé par le soleil d’autre lieu de repos qu’un simple et modeste cabaret turc, où les Arabes du désert se donnent quelquefois rendez-vous, mais que le pélerin évite avec soin. Un peu plus loin sont les ruines du village de Rama, dont quelques pans de murailles et des monceaux de pierres seulement indiquent la place. Dans la même plaine, et tout près du village détruit, on voit le tombeau de Rachel. C’est un des lieux de la terre où la vérité des traditions semble sortir des objets inanimés pour se révéler avec le plus de force. Tout est solitaire aux environs. On n’y voit ni palmiers ni cyprès ; aucun arbre ne couvre de son ombre le simple mausolée où reposent les cendres de la mère d’Israël, et cependant ce lieu éveille plus de souvenirs, excite plus d’intérêt que des monumens décorés de tout le luxe des arts. Le voyageur passe avec indifférence devant les tombeaux de Zacharie et d’Absalon, dans la vallée de Josaphat ; il jette à peine un regard sur ceux des rois, dans la plaine de Jérémie ; mais, en voyant celui de Rachel, son imagination le reporte au berceau des peuples de l’Orient, lui rappelle le pouvoir de la beauté qui sut adoucir un long exil, et il bénit la mémoire de cette compagne tendre et fidèle dont les soins charmèrent tant de peines et d’ennuis.

Les Turcs ont en général entouré de beaucoup de pompe la sépulture de la plupart des personnages dont les noms figurent dans l’ancien Testament. Une mosquée est construite sur les tombeaux de David et de Salomon. Un autre temple du même genre, vaste et ancien, couvre aussi la grotte de Machpelah à Hébron, et le terrain des environs est inviolable et sacré. La grotte, dont, on n’aperçoit que l’entrée