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MÉLANGES.

pas ces élégans piliers en bois ou en marbre, ces inscriptions en lettres d’or, ces riches et somptueux mausolées dont les Turcs aiment ailleurs à couvrir leurs cimetières. Ici le lieu seul semble répondre à tous les désirs, satisfaire à toutes les ambitions ; une simple pierre, où l’on vient quelquefois verser des larmes, marque seule la place de repos d’un parent ou d’un ami. On ne peut, sans éprouver un sentiment profond de mélancolie, au milieu de cette solitude dont jamais n’approcheront les pompes de la vanité humaine, voir tous les signes de la douleur donnés par ces Musulmans revêtus du même costume que portaient jadis les patriarches habitans des mêmes lieux…

L…

L’ÎLE DE TINO DANS L’ARCHIPEL.
… Avril 1830.

Cette île, qui fut soumise et cédée aux Turcs en 1718, en même temps que la Morée, a long-temps fait partie des fiefs d’une illustre famille de la magistrature ottomane, à l’extinction de laquelle l’hôtel des monnaies de Constantinople en fit l’achat ; elle était donc, avant la révolution de 1821, un agalyk sous la dépendance immédiate de cet hôtel.

L’île de Tino a 60 milles de tour ; l’industrie de ses habitans a su tirer parti du moindre morceau de terrain ; aussi calcule-t-on que les deux tiers de l’île sont cultivés ; ce qui reste n’est que la pierre à nu. Le surnom d’Hydroussa, que lui avaient donné les anciens, atteste qu’elle était arrosée d’une grande quantité de sources, qu’on y trouve encore aujourd’hui. On en tire beaucoup de marbre blanc et noir, et quelque peu de vert d’une qualité remarquable. Autrefois, prétend-on, on y exploitait des mines de vif-argent, et plusieurs