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LA GRÈCE EN 1829.

pas fondée sur une base indigène. Les Grecs n’ont déjà que trop de disposition pour le négoce, qui est plus dans leurs goûts que le travail pénible du cultivateur ; et décourager, autant que possible, cette disposition est le plus grand service qu’on puisse leur rendre aujourd’hui.

Quelques personnes pourraient craindre que la Grèce ne fût en danger, si elle perdait sa marine, qui l’a soutenue dans la guerre actuelle mieux que tout le reste. Une pareille appréhension suppose l’ignorance de ce que nous voulons et pouvons faire aujourd’hui de la Grèce. Il ne s’agit nullement d’en faire un état à opposer à l’empire ottoman. D’abord la question de l’indépendance n’est pas résolue[1], et, le serait-elle, le nouvel état formé par la protection des cours de l’Europe doit rester sous cette protection. C’est là sa garantie, sa meilleure sauvegarde, et elle en éloignera tous les dangers bien autrement qu’il ne pourrait le faire lui-même. La Grèce l’a d’ailleurs éprouvé : sa marine n’a pas suffi pour la défendre, et si nous n’étions intervenus, Hydra et Spetzia ne seraient elles-mêmes que des monceaux de ruines. Ce qui convient le mieux aux Grecs, c’est d’éviter, autant que possible, d’avoir des points de contact avec les Turcs. Or c’est par leur marine qu’ils en auront nécessairement le plus. D’après toutes ces raisons, on peut juger si ce serait une grande perte pour eux que d’en être privés.

  1. Elle paraît l’être aujourd’hui (avril 1830)