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HISTOIRE.

avec tous les ports qui lui appartenaient. Néanmoins le caractère religieux de l’insurrection dut la faire considérer sous un jour différent, et les nations mêmes dont le commerce y était intéressé ont fini, les unes après les autres, par se conformer dans cette guerre au principe du droit des gens qui règle la conduite des neutres dans une querelle régulière d’état à état. Cependant, avant que les gouvernemens en fussent venus là, des bâtimens isolés tentèrent plusieurs fois de forcer la ligne de blocus établie par les Grecs. On a beaucoup reproché, dans ces derniers temps, aux Autrichiens les liaisons qu’ils avaient conservées avec les Turcs, et il n’est sorte d’épithètes qu’on ne leur ait prodiguées. Il faut observer cependant que tant que l’insurrection n’avait pas pris un caractère qui la fît respecter, et qui la mît sur le rang d’une guerre régulière, on ne pouvait trouver mauvais que le commerce continuât à suivre ses anciennes relations avec une puissance amie, et ceux qui connaissent le Levant ont dû ne voir, dans le commencement de la lutte actuelle, qu’une de ces insurrections qui y ont été si communes. De quel droit un gouvernement lié avec la Porte par des traités aurait-il donc pu interdire à son commerce ses relations habituelles ? Si une insurrection éclatait aujourd’hui sur les côtes de France, de quel œil verrions-nous le commerce des puissances amies interrompre ses rapports avec les places qui se seraient maintenues fidèles ? et si une pareille interruption avait, ne crierions-nous pas à la trahison de nos alliés ? Pour