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HISTOIRE.

mêmes essais sur les autres pavillons ; mais notre marine le leur a toujours positivement refusé. Quant à celle de l’Autriche, elle n’a pas osé prendre l’attitude ferme qui convenait. Les commandans de cette marine craignaient de se compromettre ; et quoiqu’ils eussent plus d’intérêt encore que nous à protéger leur commerce, leur conduite a toujours été timide. Cependant ce que les Grecs n’osaient hasarder en présence de nos bâtimens de guerre, ils le faisaient avec succès quand ils rencontraient des navires de commerce isolés. D’ailleurs ils comptaient sur la sympathie qui s’était manifestée en Europe en leur faveur, pour leur assurer l’impunité. Ils avaient organisé des tribunaux de prises, et il est bon en passant de remarquer que, jusqu’à l’arrivée du président, ces tribunaux ont été les seuls qui fussent en activité en Grèce. Ils ne manquaient jamais de condamner tout ce qu’on leur amenait. Rien n’était sacré pour eux ; on arrêtait tout et partout, articles de commerce comme de contrebande de guerre, en pleine mer comme près des côtes ; le tribunal de prises sanctionnait tout[1].

Cependant quand ces déprédations devenaient par trop criantes, les commandans des forces na-

  1. Voici un échantillon des jugemens de ce tribunal : un bâtiment capturé est amené devant lui ; il est condamné sur le motif qu’il avait à bord des munitions de guerre et des armes. Quelles étaient ces munitions et ces armes ? Les unes étaient une boîte de capsules ; les autres un rotissoir, adressé à un négociant d’Alexandrie.