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CORRESPONDANCE ET NOUVELLES.

depuis tant de temps ; enfin il s’est convaincu que la plus faible partie de revenus immenses parvenait seule dans les caisses du gouvernement, et après avoir reconnu l’existence de tous ces abus, il a formellement promis aux rayas qu’il allait travailler sans relâche à adoucir leur sort et qu’il espérait y réussir promptement. À présent on assure que le Grand-Seigneur lui a donné de pleins pouvoirs pour opérer une réforme générale : on a tout lieu d’espérer d’heureux résultats de cette mesure, car le grand-visir veut sincèrement le bien, et ses talens et la fermeté de son caractère lui permettent de l’opérer.[1].

Andrinople, 15 mai 1830.
A. B…


CONSTANTINOPLE.Députés grecs, arméniens et juifs. — Deux des principaux négocians de Smyrne, parmi les trois classes de rayas, grecs, arméniens et juifs, viennent d’être appelés à Constantinople d’après l’ordre du sultan. S. H. veut s’entretenir avec eux, et apprendre de leur bouche quels sont les abus dont leurs co-religionnaires peuvent avoir le plus à se plaindre, et qui exigent une prompte réforme. Il est à désirer que ces députés, qui reçoivent aujourd’hui de leur souverain même une mission que, dans d’autres pays, ils doivent à leurs concitoyens, puissent s’exprimer avec franchise, et dévoiler sans craintes à ses

  1. Des nouvelles postérieures nous apprennent que l’émigration a totalement cessé, et déjà un assez grand nombre de familles qui avaient poussé jusqu’en Valachie, sont rentrées dans leurs foyers dont elles ont repris tranquillement possession. L’harmonie rétablie entre les habitans chrétiens et musulmans, et l’ordre qu’ont fait renaître les mesures prescrites par le sultan, présagent à ces provinces un avenir plus heureux. Le firman d’amnistie s’exécute partout et avec facilité.