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SOUVENIRS DES CÔTES D’AFRIQUE.

jusqu’au moment où le navire, étant condamné, on pourra les distribuer de manière à assurer leur existence. On doit concevoir que si le procès dure long-temps, et qu’on laisse les nègres à bord sans leur envoyer des vivres de terre, l’état de malaise dans lequel ils se trouvent en fera périr beaucoup, et les provisions du bord, quoique suffisantes pour les nourrir pendant un mois à la ration, en calculant, d’après les probabilités, qu’ils éprouveront le mal de mer, ne pourront suffire pour nourrir le même nombre d’hommes pendant un mois et demi ou deux mois à bord d’un navire mouillé dans un port où ils n’éprouvent pas le mal de mer.

Loin de les débarquer en arrivant à Sierra-Léone, on les garde à bord, et en voici la raison ; les capteurs disent : « Si le navire n’était pas condamné, tous les frais qu’on aurait faits retomberaient à notre charge, et nous aimons mieux qu’ils meurent que risquer de perdre notre argent ; si au contraire le navire est condamné, peu nous importe le nombre de ceux qui succomberont : on ne nous paiera pas la prime d’après le nombre de ceux qui débarqueront, mais bien d’après la quantité que nous aurons amenée. » Aussi, dans le cas que je cite ici, en huit jours que j’ai passés à Sierra-Léone, avant la condamnation du navire qui était mouillé à côté du nôtre, j’ai vu mourir dix-sept hommes de cette cargaison, et bien certainement je ne restais pas exprès à bord pour compter les décès. Comme on n’avait pas pu découvrir les expéditions hollandaises, qu’on prétendait avoir été jetées à la mer