habitudes modernes de nivellement social, il y a peut-être quelque chose d’étrange et de puéril ; et pourtant elles ne sont pas sans intérêt et sans un certain charme de naïveté, si on les considère comme de vivantes images du passé, si on les rapproche surtout de l’aspect général des universités du nord, et de ces relations d’amitié presque filiale qui attache les élèves à leurs maîtres, et fait de l’école une grande famille. Nous sommes trop enclins en France à sourire des usages de nos pères, et à rompre la chaîne qui devrait lier le présent au passé : dans le nord, on est plus fidèle à ces souvenirs ; on les conserve religieusement, comme on ferait des portraits de ses ancêtres, ou comme ces gothiques abbayes, ouvertes à tous les vents, hérissées de mousse et de plantes parasites, dont chacun se plaît pourtant à contempler les ogives à demi ruinées, et ne franchit le seuil qu’avec respect, bien que le prestige soit évanoui, que le saint patron ne reçoive plus ni culte ni offrandes, et que, mutilé par le temps ou la main des hommes, il ne repose plus, entouré d’hommages, sur son tombeau de marbre.
À côté de ces établissemens, dépositaires des anciennes traditions, s’élève une école d’une organisation plus moderne et qui tient le rang intermédiaire entre les universités et les gymnases, c’est l’académie de Soroë. Elle occupe, à vingt lieues de Copenhague, dans la Seelande, au milieu d’un admirable pays, les bâtimens d’un vieux monastère. Consacrée spécialement à l’étude des humanités, c’est-à-dire de la philosophie, des langues anciennes