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VOYAGES.

anglican et un autre méthodiste ; ce dernier est au nombre des missionnaires. Les nègres des environs ne veulent pas entendre parler de missionnaires : ceux-ci sont donc obligés de se contenter de faire des conversions dans la ville. Les missionnaires méthodistes de la Gambie m’ont rappelé une réflexion que j’avais déjà faite en Amérique : ces messieurs accusent les catholiques romains d’intolérance et presque d’idolâtrie ; pour faire juger de la bonne foi qu’ils mettent dans ces accusations, je n’ai qu’à représenter ce qui se passe dans nos églises et dans leurs temples, sur la côte d’Afrique. Chez nous, ceux qui assistent à l’office divin n’y vont que de leur plein gré, sans crainte d’être signalés, s’ils ne s’y rendent pas ; le service terminé, ils se retirent tous, sans exception, tranquillement comme ils sont venus, tandis que chez les méthodistes, les temples sont souvent le lieu des scènes les plus scandaleuses ; le prédicateur voit le diable, il l’exorcise ; de malheureux nègres, comprenant à peine les paroles qu’on a prononcées, tombent en convulsions et ne sortent de cette crise que lorsque l’esprit malin les a quittés, grâce à l’exorcisme du prédicateur. Afin que l’on ne m’accuse pas de charger le tableau, je dirai que j’ai entendu parler de ces scènes à Saint-Mary et que je les ai vues à Richmont en Virginie et à Sierra-Léone sur la côte d’Afrique. Quoique cette matière ne soit pas de ma compétence, je ne suis pas fâché d’ajouter ce petit article au chapitre de l’esprit de tolérance que nous avons la bonté de tant admirer chez les Anglais.