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VOYAGES.

bien qu’il est avantageux pour eux de traiter directement avec les négocians européens, sans l’intermédiaire des Portugais : d’un côté c’est le monopole, de l’autre c’est le commerce libre.

Le capitaine mouillé à Banding fera des affaires bien plus avantageuses ; il traitera avec des gens d’un naturel doux, point querelleurs, je pourrais presque ajouter point voleurs, si je ne savais combien cette assertion est délicate en parlant d’Africains.

Si au contraire le capitaine mouille vis-à-vis du fort portugais, il lui faudra déposer ses papiers ; c’est alors qu’on le tient : le gouvernement de Bissao est une ferme de trois ans ; il faut que celui qui commande fasse sa fortune dans cet espace de temps, et tous moyens lui sont bons. Aussitôt qu’il tient les papiers d’un navire, il s’informe de la nature de la cargaison, achète tout ce qu’il sait manquer dans le pays, remet une partie des droits moyennant des cadeaux onéreux. Le capitaine qui refuserait de lui vendre à son prix ou de lui faire crédit, serait sûr de voir mille difficultés s’élever pour le laisser partir. Lorsque le gouverneur a fait son marché, ses officiers se présentent, achètent à leur tour, et enfin, ces messieurs une fois satisfaits, les affaires commencent avec les marchands. D’après cette manière d’agir de l’autorité, on voit combien les articles doivent être vendus cher aux indigènes ; le gouverneur et ses officiers, ayant le premier choix, prennent en to-