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Constantinople.

Ici ma volupté chérie
Est de porter ma rêverie
Dans le champ des morts de Péra,
Et de m’asseoir sur la colline
D’où souvent mon œil s’égara,
Et suivit la voile latine
Qui, blanche, de loin se dessine
Sur les flots bleus de Marmara.
J’aime à voir au sein du Bosphore,
Plus uni qu’un brillant émail,
Les vertes rives que décore
Un impénétrable sérail,
De leur ravissant paysage
Répéter la flottante image,
Et sous ces murs mystérieux,
Le Turc et l’humble Romaïque
Glisser dans leur léger caïque.
J’aime à voir luire le soleil
Sur la cité qui nous étale,
De la splendeur orientale
L’immense et bizarre appareil :
Des dômes, des flèches sans nombre,
Des bazars, des harems, des bains,
Des fontaines et des jardins,
Des tombeaux couverts d’un bois sombre,
Des tours, des portes, des remparts,
Et des khans pour les caravanes,
Et des palais et des cabanes,
Tantôt groupés, tantôt épars :