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MORT DE RICHARD II.

sembla (30 septembre 1399), et, sans être entendu, Richard fut condamné et déposé en ces termes : « Richard de Bordeaux, qui fut nommé roi d’Angleterre, est condamné à être en une prison royale, qu’il aura le meilleur pain et la meilleure viande qu’on pourra trouver pour or ne pour argent, et s’il venait une noise de gens d’armes pour lui secourir, il sera le premier qui mourrait. »

C’était son arrêt de mort, car on conspira sans sa participation ; on fut jusqu’à revêtir des ornemens royaux un de ses écuyers nommé Magdelain, qui avait quelque ressemblance avec son maître, pour entraîner le peuple. Mais le Comte de Rutland, qui avait tour à tour servi et trahi Glocester, Richard et Lancastre, fit révéler au nouveau roi Henri iv, la conspiration dont il était lui-même le chef. Les conjurés surpris furent défaits à Cirencester ; le comte de Sallisbury et presque tous les partisans de Richard furent tués dans ce combat. On remarqua avec horreur le comte de Rutland portant au bout d’une lance et présentant à Henri la tête de lord Spencer son beau-frère et son complice dans la conspiration.

Richard, étroitement resserré alors dans le château de Ponte-Fract (Pontis Fracti), ne survécut pas long-temps à cette conjuration qu’il ignorait. Un chevalier, nommé Pierre Exton, suivi de sept assassins, entra dans la salle où le roi dînait. Il défend à l’écuyer qui servait le roi de goûter ses mets ; car, dit-il, il ne mangera plus guères. Richard