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COMPAGNIE DES INDES.

En 1698, l’ancienne Compagnie eut à lutter contre une nouvelle association rivale, et c’était à qui obtiendrait par les offres les plus séduisantes la protection du gouvernement. La première, dont le privilége expirait trois ans plus tard, offrit de lui prêter 700,000 liv. sterl. à 4 pour 100, si sa charte était renouvelée ; la seconde en offrit 2,000,000 à 8 pour 100, si le monopole était enlevé à la première, et accordé à celle-ci. Le plus offrant remporta la victoire, et l’ancienne Compagnie fut ainsi supplantée par une nouvelle. Ce n’était toujours, il est vrai, qu’un monopole opposé à un autre ; mais il est assez curieux de voir avec quelle puissante logique les derniers monopoleurs surent argumenter contre les premiers, et s’emparer du champ de bataille, sans cependant attaquer le monopole même.

Les directeurs, qui se trouvaient encore investis pour trois années de leur omnipotence dans l’Inde, résolurent de renouveler le combat sur un terrain dont ils disposaient, et qui devait leur être favorable au moins pour se venger de leurs compétiteurs.

Ils firent passer de nouvelles instructions à leurs agens d’outre-mer. Les dernières mesures prises par le parlement, y était-il dit, avaient été dictées par le pouvoir prépondérant d’un parti, et non par la sagesse législative. Les interlopers (c’est ainsi qu’ils qualifiaient la nouvelle Compagnie) l’avaient emporté par l’offre insidieuse d’un commerce libre (fait individuellement par les membres de l’association),