dres se passent sous les yeux du gouvernement, et il n’est pas assez puissant pour les empêcher ; il faut cependant convenir qu’il a obtenu quelque chose en réprimant les scandales qui étaient naguère encore poussés au comble. Mais tant qu’il voudra maintenir son armée irrégulière, il doit s’attendre à ce qu’il lui sera impossible de détruire les abus ; ils sont trop profondément enracinés, et l’administration serait-elle plus forte, elle les trouvera plus forts qu’elle.
La composition des bandes irrégulières, telle que je viens de la décrire, montre déjà ce qu’on peut en attendre. Comme les soldats n’ont aucune idée d’ordre et de discipline, chacun se bat à sa façon et ne suit que son caprice et son instinct. Ils sont excellens tireurs, et possèdent une adresse étonnante pour profiter des moindres accidens de terrain. Aussi ne se battent-ils jamais qu’à couvert, et ils sont incapables d’aborder l’ennemi en rase campagne. Voici comment ont lieu ordinairement leurs attaques. Un Grec apercevra une pierre, un sillon, un léger pli de terrain qui pourra l’abriter ; il s’y traînera à genoux, à plat-ventre, en s’arrêtant fréquemment, de manière enfin à ne point être aperçu dans son trajet[1]. Quand il y est ar-
- ↑ Cette description extrêmement curieuse ressemble beaucoup à celle que nous ont donnée les lettres reçues de notre armée d’Afrique sur la manière de combattre des Arabes. Il faut cependant ajouter que ces derniers se contentent de profiter des accidens du terrain, et ne portent pas la ruse aussi loin que le soldat grec. P. M., directeur.