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LA GRÈCE EN 1829.

qu’à ce qu’on ait atteint la position que l’on veut obtenir. C’est ce qui s’appelle avoir enlevé une position. On voit avec quelle rapidité ce genre d’attaque peut marcher, et ce que peut être une guerre conduite de la sorte.

J’ai détaillé ici l’opération qui est la plus difficile, celle de l’attaque en rase campagne. Elle se réduit toujours à une défense derrière des retranchemens. Aussi la défense est-elle le genre de guerre qui leur est propre, et pour peu qu’ils aient un abri, quelque mauvais qu’il soit, ils y résisteront avec autant de ténacité qu’ils montrent d’incertitude et de crainte, lorsqu’il s’agit de se montrer agresseur. Pour la défense, ils retrouvent tous les avantages des Turcs, qui ont, comme on sait, une grande réputation à cet égard ; mais pour l’attaque, ceux-ci ont toujours la supériorité, car ils sont plus braves, et savent dans l’occasion assaillir leur ennemi avec vigueur… Mais les plus terribles de tous sont les Albanais.

Rien n’est, dit-on, redoutable comme leur manière de charger. Le fusil rejeté en bandouillière, brandissant le sabre ou le yatagan, ils se jettent en furieux sur la troupe qu’ils veulent enfoncer, et il lui faut bien de la fermeté pour résister à un choc aussi violent. Ils ont l’habitude de porter le bras gauche au-dessus des yeux, jusqu’à ce qu’ils aient joint l’ennemi, afin de ne pas voir le danger ; les hurlemens qu’ils poussent ajoutent encore à leur irritation. S’ils joignent l’ennemi, la mêlée ne dure qu’un instant, mais elle n’est qu’un carnage ; leurs