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LA GRÈCE EN 1829.

dans des positions fort périlleuses, l’abandonnait sans argent, sans vivres, sans secours, au moment le plus critique. Il est certain que dans plusieurs circonstances ce gouvernement s’est conduit de la manière la plus étrange, et que c’est au dénuement absolu dans lequel il a laissé les expéditions de Carysto et de Chio qu’on doit attribuer les revers sanglans qui les ont terminées, et ont anéanti en même temps le corps régulier. D’un autre côté, on pourrait peut-être reprocher à Fabvier de s’être hasardé trop inconsidérément dans ces entreprises aventureuses, et de ne pas avoir prévu ce qui lui est arrivé, car il devait assez connaître les Grecs pour s’attendre à ce que ce ne serait pas du côté de l’ennemi qu’il rencontrerait les principales difficultés. Quoi qu’il en soit, je n’ai pas à juger ici cette question, je prends les faits comme ils se sont passés, et je signale des revers comme ayant contribué encore plus que tout le reste à renverser une organisation que les succès seuls pouvaient soutenir. Les Grecs, associant dans leur esprit ces revers avec l’organisation elle-même, se sont entêtés de plus en plus à la regarder comme inexécutable et dangereuse ; elle est tombée dans le mépris, et les palikares n’ont pas manqué d’en profiter pour se proclamer les seuls défenseurs de la patrie, et leur manière sauvage de faire la guerre comme la seule qui convienne au génie de la nation grecque. Et qu’on remarque bien que les obstacles que je viens d’énumérer, et contre lesquels toute l’opiniâtreté