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L’ÎLE DE L’ASCENSION.

rait les empêcher d’aborder. À cet effet on ne reçoit ni ne rend de salut, parce qu’on s’est aperçu que le bruit du canon leur est contraire. On va même jusqu’à empêcher de fumer sur le rivage, parce que l’on croit que l’odeur du tabac les écarte. Enfin ces précieux animaux trouvent encore sur les bords de cette île la même solitude qu’avant l’époque où elle était habitée. L’espèce est la Tortue franche ou Mydas, ou Tortue verte (Testudo viridis des naturalistes). Les individus sont tous de la plus grande taille, pesant généralement de quatre à cinq cents livres, souvent davantage ; on en aurait même vu, dit-on, de huit cents. Il s’en consomme ordinairement huit cents par an. C’est un excellent manger pour les marins. Bien accommodé, il a la plus grande ressemblance avec du jeune bœuf. On ne mange ordinairement que les chairs qui meuvent les membres, ou quelquefois les œufs les plus avancés et prêts à sortir, qu’on trouve dans le ventre ; de sorte qu’il y a beaucoup de perte, et que la quantité de viande dont on se sert se réduit à assez peu de chose, vu la masse totale de l’animal ; cependant on peut tout aussi bien faire usage des intestins. On sait que les tortues ne mangent point à bord des vaisseaux, et ne demandent d’autre soin que de jeter dessus un peu d’eau de mer ; surtout de les abriter du soleil qui les dessèche et les tue.

La température du haut de la montagne diffère toujours de 10 à 12 degrés de celle de la plaine.