Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 4.djvu/212

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
202
FRAGMENS LITTÉRAIRES.

peuples si différens entr’eux ? Fougueux et terrible, le premier planta ses étendards des bords du Nil au sommet du Kremlin… Plus heureux encore, le second n’a pas vu, depuis huit siècles, le pied insolent de l’étranger.


IV.

Combattre avec un courage héroïque, remporter de prodigieuses victoires, repousser du sol natal l’Europe entière, et la conquérir au pas de course, c’est là un merveilleux rôle… Mais lutter patiemment, longuement, toujours ; attendre avec constance l’heure décisive du triomphe ; avoir gardé intact l’héritage sacré de ses pères… telle fut la destinée du peuple anglais. Cette destinée est grande !


V.

La mer ! la mer ! voilà le secret de sa fortune. La mer donna le monde à Carthage et à Rome… Ainsi Lépante affranchit la chrétienté des conquêtes de l’islamisme… La France perdit l’Égypte dans les flots d’Aboukir… et le désastre de Trafalgar réduisit l’aigle impériale à ne planer qu’au-dessus du continent.


VI.

Prolongez vos regards sur l’étendue des flots ! voyez-vous à l’horizon cette ligne incertaine et blanchâtre ? vous diriez des rochers nus, quelques falaises sauvages et abandonnées. Là est pourtant la souveraine de l’océan… Un trident immense lui tient lieu de sceptre ; les vagues orageuses composent sa royale ceinture. Fière de son île et de ses tempêtes, Albion peut dormir en paix : mille vaisseaux protègent son sommeil.


VII.

Oh ! que ne m’est-il donné d’aborder ces voisins rivages !