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VOYAGES.

j’avais entendu répéter si souvent, coûtassent plus au gouvernement qu’elles ne profitaient au commerce.

C’est encore une bien grande erreur, me dit-il. Remontons, non à une époque perdue dans la nuit des temps, mais au milieu du seizième siècle : alors la Guadeloupe, achetée 80,000 francs, fut livrée à une compagnie qui jouissait de grands priviléges et était encouragée par des primes et des sacrifices que s’imposait le roi pour la soutenir et couvrir ses pertes. Sans doute la colonie coûtait plus alors qu’elle ne rapportait ; mais c’était, à bien dire, la dépense d’établissement, et Louis xiv ne regrettait pas les sommes qu’il donnait de sa cassette, parce qu’il voulait hâter le moment où le commerce national pourrait trouver de véritables avantages à trafiquer avec la Guadeloupe. En effet, dès 1774, les négocians de la métropole recueillirent le fruit des bienfaits du roi jusqu’en 1789. S’est-on plaint que les colonies coûtassent plus à la France qu’elles ne donnaient de bénéfice à notre commerce ? Aurait-on osé comparer la dépense pour les garnisons, les fortifications et l’administration, avec les richesses qui affluaient de chez elles dans la métropole ?

Après une horrible révolution, la Guadeloupe a été rendue à la France non pas dans l’état prospère où elle était en 1789, puisqu’elle a été le théâtre des plus affreux désastres, mais avec des colons sages et laborieux. Grâce à eux, cette colonie renaît aujourd’hui de ses cendres ; la