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VOYAGES.

Tout entier aux détails que me donnait M. S***, je n’avais pas aperçu l’aspect vraiment enchanteur d’un petit village adossé à une haute montagne. Des maisons dispersées çà et là étaient chacune entourées d’un petit jardin couvert de fleurs et de fruits. Ces petites chaumières, me dit M. S***, sont les cases à nègres ; et ces bâtimens que vous voyez là-bas sont le moulin, la purgerie, et près de ces ruines, c’est l’hôpital. Je cherchais partout la maison du colon : il me fit remarquer un amas de décombres sur lesquels on avait élevé à la hâte une grande cabane en bois qui n’était pas entièrement couverte. Nous y arrivâmes et demandâmes M. V***. On nous dit qu’il était occupé à l’hôpital, et qu’on allait l’avertir.

Chaque sucrerie a-t-elle un hôpital, demandai-je à M. S*** ? — Oui, sans doute ; un médecin y vient faire sa visite trois fois par semaine ; les autres jours, le maître le supplée et donne ses soins aux nègres souffrans.

Un homme d’un extérieur noble et agréable vint à nous. Il accueillit mon compagnon avec beaucoup de cordialité. Lorsqu’il sut qui j’étais, il m’offrit tout ce qui dépendait de lui pour satisfaire ma curiosité, et me fit promettre de passer la nuit chez lui, en s’excusant du trop modeste appartement qu’il pourrait me donner. Mais l’ouragan, dit-il, nous a tellement maltraités, que nous sommes obligés de camper.

Il nous pria d’entrer dans une vaste salle où étaient sa femme jeune et jolie, et ses enfans jouant