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VOYAGES.

C’est dans l’île de Madura que demeure le grand sultan, personnage d’une puissance et d’une fortune immenses. Pendant notre séjour à Sourabaya, il donna un dîner et un magnifique bal à notre état-major, auquel assistèrent les ministres du sultan et les autres grands personnages de sa cour. Il fait sa résidence dans l’intérieur et à peu près au centre de l’île. Pour faciliter le voyage à ses convives, il leur envoya plus de vingt voitures, la plupart attelées de quatre chevaux, et des chevaux de selle avec quantité de laquais. À la seule apparence d’un pareil cortége, on pouvait juger quelle devait être l’opulence du monarque. Lorsque chacun eut pris place dans ces voitures, elles défilèrent par ordre et arrivèrent bientôt chez le prince. Nous fûmes reçus avec tous les honneurs auxquels nous pouvions nous attendre, d’après le prélude dont je viens de parler.

Le palais du monarque, quoique d’une architecture simple, offrait l’image de la grandeur et de la richesse. Les portiques et les colonnes de ce brillant bâtiment (je dis brillant pour le pays) étaient de toutes parts ornés de fleurs de diverses couleurs, qui toutes exhalaient l’odeur la plus suave. Le déjeuner était servi dans une vaste salle non close, couverte en feuilles de palmier. Tout le monde prit place et put se servir à son gré. La table était couverte des mets les plus recherchés, et de tout ce qu’on peut souhaiter dans ces contrées. Pendant le repas, la musique du sultan ne discontinua pas de régaler les convives