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ÎLE DE JAVA.

l’on est le plus sévère sur ces formalités si inutiles cependant en temps de paix.

Durant le séjour que j’ai fait à Sourabaya, j’ai eu plusieurs occasions de voir célébrer des mariages parmi les naturels du pays. Une chose qui me parut difficile à concevoir, c’est que les filles se marient dans ces contrées à l’âge de sept à huit ans, et sont déjà à cette époque en état de puberté. Je tiens ce fait du gendre de M. Midelcop. Ce jeune homme, qui parlait parfaitement le français, me l’a donné pour certain.

Les mariages malais se font d’une manière si bizarre, que l’on me pardonnera quelques détails à cet égard.

Lorsqu’un jeune Malais devient amoureux d’une Malaise, suivant l’usage de tous les peuples, il lui fait la cour ; c’est dans la manière de s’y prendre que diffèrent les coutumes des nations barbares ou civilisées. Si son amante partage les sentimens qu’elle inspire, le jeune Malais va trouver le père de sa future, lui déclare sa passion, et le supplie de lui accorder la main de sa fille, dont il possède déjà le cœur. Le père commence par répondre qu’il verra. Il examine d’abord quelle est la fortune de celui qui veut devenir son gendre ; s’il possède une case pour loger sa fille, et des champs ensemencés suffisans pour la nourrir. La loi veut que ces conditions soient de rigueur, et les pères en général ne sont pas plus exigeans que la loi. Lorsque le jeune homme a le consentement des parens de la fille, il s’empresse d’en prévenir ses