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VOYAGES.

vaux de la ville. Toute la journée, on voit arriver ces marchands chargés chacun de deux énormes bottes d’herbes suspendues à une barre de bambou, taillée exprès de trois pouces environ de largeur, et de manière à ce qu’elle soit très-flexible ; sa longueur moyenne est d’environ quatre à cinq pieds. Ils accrochent à chaque extrémité une botte d’herbe, et la mettent ensuite sur leurs épaules en établissant un parfait équilibre. Ils changent successivement d’épaules pour se délasser. De cette façon ils portent à une très-grande distance les fardeaux les plus pesans. Dès qu’ils sont fatigués et couverts de sueur, ils se plongent dans l’eau, en sortent aussitôt, reprennent leurs fardeaux, et continuent leur route. Les chemins sont journellement remplis de ces portefaix, ainsi que les marchés. Dès leur arrivée en ville, ils y trouvent, pour se désaltérer, du vin de canne à sucre, et pour satisfaire leur appétit, du riz cuit, des bananes frites, des sardines, des patates, des morceaux de canne à sucre préparés prêts à sucer, et des fruits de toute espèce. Les comestibles abondent, non-seulement sur toutes les places publiques, à tous les coins de rue, mais encore devant chaque maison on trouve des chiques de bétel préparées ; ce qui rend tous ces bazars sales et dégoûtans.

Il existe aussi sur plusieurs places des marchés de change de monnaie de cuivre contre des monnaies d’argent. Les plus fortes des monnaies de cuivre sont appelées wouangs ; elles sont à peu près de la grosseur de nos décimes. Il fait en gé-