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COMPAGNIE DES INDES.

dispositions dont se trouvaient animés les premiers membres de cette association marchande, par les noms mêmes des bâtimens qu’ils expédièrent pour le premier voyage (la Milice, le Fléau, l’Hector) ; et le chef choisi pour commander l’escadre était un certain capitaine Lancastre, revenu tout récemment d’une expédition de piraterie. Les succès que ce forban avait obtenus lui valurent la protection de l’honorable Compagnie des Indes orientales. M. Mill rapporte aussi à cette occasion une réponse assez curieuse faite au gouvernement qui avait témoigné le désir qu’un homme d’un caractère et d’un rang distingué, sir Edward Michelbourne, fût chargé de la première expédition. Les membres du comité de l’honorable Compagnie annoncèrent « qu’ils avaient résolu de n’employer aucun gentleman dans un poste de quelque importance, et qu’ils voulaient faire gérer leurs affaires par des hommes de leur propre rang ou qualité ; car, si l’on venait à savoir qu’ils employaient des gentlemen, cela pourrait porter un grand nombre d’aventuriers à les priver de leurs services. » (Vol. i, page 22.)

Le premier voyage fut très-lucratif : les marchands visitèrent Sumatra, où ils conclurent un traité de commerce avec un des souverains indiens, et obtinrent la permission d’établir une factorerie dans l’île. En passant le détroit de Malacca, le capitaine Lancastre se saisit, selon ses anciens procédés de pirate, d’un vaisseau portugais de neuf cents tonneaux, « avec une cargaison si riche en toiles et épices, qu’elle suffit au chargement de toute