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COMPAGNIE DES INDES.

anglais, ainsi que les erreurs du vaste système territorial de la Compagnie.

Les intrigues et les fausses accusations par lesquelles on cherchait dès-lors à nuire aux concurrens étrangers, et à les exclure de toute participation aux avantages commerciaux qu’on voulait se réserver, forment aussi un des traits caractéristiques de la politique de l’époque.

Sir Thomas rappelle à la Compagnie qu’il a d’abord pris grand soin de déconsidérer les Hollandais. « Il est venu, dit-il, des Hollandais à Surate ; ils arrivaient de la mer Rouge, avec quelque argent et des marchandises tirées des contrées méridionales. J’ai fait tous mes efforts pour les faire disgracier (to disgrace them) ; je n’ai pu cependant, sans courir trop de danger, parvenir à les expulser. Mais votre consolation doit être celle-ci : Il y a assez de richesses pour les deux peuples. » (Vol. 1, p. 31, 32.)

Les partisans de la liberté du commerce pourraient encore aujourd’hui se servir du même langage ; il y a ici assez de richesses pour nous tous, pourquoi nous exclure ? On leur répondra que le pouvoir et le monopole réunis exercent une influence tellement corruptrice sur les hommes qui en sont investis, qu’ils n’envisagent qu’avec haine et envie la prospérité des autres, quand même elle serait acquise dans la carrière qui leur est aussi bien ouverte qu’à leurs rivaux[1]. Reste à savoir si ce sont là les sentimens que

  1. On opposera sans doute bien d’autres argumens aux parti-