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COMPAGNIE DES INDES.

Il est déplorable d’avoir aussi à reconnaître l’influence funeste que l’importation soudaine de richesses acquises par de pareils moyens exerça sur la masse du peuple anglais et sur les hommes du rang le plus élevé. La joie des directeurs, après cette conquête, fut un peu troublée, et « d’autres sentimens, dit M. Mill, naquirent par suite des demandes du roi et du duc de Buckingham, lord grand-amiral ; ils exigèrent, le premier comme droits dus à la couronne, et le second comme droits dus à l’amirauté, des parts de prise sur les gains procurés par diverses captures de la Compagnie, et particulièrement par le pillage d’Ormuz. Celle-ci jugea prudent de ne pas montrer trop d’opposition aux prétentions du roi, mais elle objecta à l’amiral qu’elle avait toujours opéré en vertu de sa propre charte, et qu’elle n’avait jamais eu besoin de lettres de marque du duc de Buckingham. L’affaire fut portée devant les juges de la cour de l’amirauté ; des témoins furent examinés pour s’assurer du montant de l’argent de prise, qui fut évalué à plus de 100,000 liv. st. ; la Compagnie fit valoir les frais d’armement et d’équipement des vaisseaux, les pertes qu’elle avait éprouvées, le dommage porté à ses intérêts de négoce, en détournant ses vaisseaux du commerce, pour les employer à la guerre, etc. Tous les moyens de sollicitations furent épuisés par elle auprès du roi et de l’amiral ; mais Buckingham, qui savait bien que la première expédition serait manquée, si on laissait passer la saison la plus favorable pour mettre en mer, fit jeter un embargo sur